James & Cie - Les écarts

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Les écarts, Les écarts de James

Vertige de la brèche

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Vertige de la brèche

Le temps avait changé. Ses écarts l’avaient éloigné… De plus en plus loin dans la feuille blanche, James se tenait devant un nouveau décor. Une image métamorphosée. Un changement de perspective. Quelque chose ou quelqu’un était entrain de creuser. Face à un ravin, James – pour la première fois – regarda l’insondable. Un objet fissuré d’où s’échappe une nature qui fait doucement sa place.

Il avait quitté son domicile en espérant trouver l’inspiration sur la feuille. A sa grande surprise, il n’y avait presque rien. Au lieu de renter chez lui, il se mit à flâner sans but. Il n’avait pas décidé d’aller profond, il resta en surface pour une exploration de fortune. Après quelques kilomètres, il vit une forme inconnue. La chose était biscornue et tranchante, dure comme la pierre. C’était un gouffre dont les arrêtes dessinées les contours d’un monde en dessous. James s’arrêta. Il approcha lentement du bord puis se pencha. Il n’y avait pas de fond. Rien. Un pur et simple vide. Il aurait pu continuer et aller de l’avant ou ne pas reconnaître qu’il était intrigué par cette brèche. Nul besoin d’appeler son logeur pour lui annoncer cette découverte, il voulait la garder secrète. Sans impératifs, il prit un temps puis assis, les pieds dans le vide, il pensait.

Est-ce que j’ai fais le tour de la feuille ? Suis-je au bout ? Pourquoi ai-je la sensation que l’univers s’effrite de plus en plus ? Dois-je recoller les morceaux ou accepter cette décrépitude ? James était admiratif du vide. Le néant est une paix tout comme le silence. Il n’a jamais eu d’œil pour contempler le monde – son monde. Il le ressent et s’en approche ou le rejette le plus loin possible. Quoi qu’il fasse, où qu’il aille, il y avait toujours un élément perturbateur, une forme d’interrogation. Dois-je me lancer ? Pensait-il. Me perdre… M’oublier… Plonger. Ce trou est pareil à l’eau la nuit. C’est un abime qui fait peur. C’est aussi la tentation d’y céder pour découvrir ce qu’est le véritable vide. Est-ce que j’y trouverais la vérité ? Est-ce qu’enfin mon œil s’ouvrira ? Pourquoi la vue me manque ? Submergé par les questions James se courba et fit glisser ses mains sur son visage. Il touchait sa face d’aveugle et demeurait silencieux. Soudain un vent vif le fit sursauter. Une brise glaciale mais légère qui semblait venir des tréfonds du trou. Si je sens de l’air c’est qu’il y a forcément quelque chose de caché plus bas ! – pensa James tout en s’ébouriffant les cheveux. Inutile de perdre plus de temps. James se leva puis fit quelques pas en arrière pour prendre de l’élan. Il allait plonger. A la une, à la deux et haut les cœurs, il s’élance mais les réflexes de son corps le stoppent dès qu’il s’approche trop prêt du bord. Allez ce n’est rien ! Tu es déjà tombé plus bas ! – Se dit James tout en essayant de se rassurer intérieurement. Rassemblant sa confiance, il mit un pied dans le vide puis laissa balancer son corps jusqu’à perdre l’équilibre. Enfin, il avait chuté.

Tomber de la sorte c’est un comme nager où l’on a pas pied. Plus rien ne vous retient, James est partagé entre l’envie de se raccrocher où d’être happé. Il n’y a aucune peine, ni aucun regret, juste une grande sérénité à se laisser couler et disparaître vers le grand inconnu. Le vent s’engouffre dans le gilet de James et fait voler ses couleurs grises. Son corps fait d’un seul trait ressent l’air se comprimer autours de lui. Le noir de son pantalon s’estompe peu à peu, il se sent flotté. Ce n’est pas une chute libre mais un temps d’arrêt. Une transformation par le vide et le temps qui s’accélère et le précipite vers un sol qui tarde à se présenter. Des heures et des heures s’écoulent sans suffoquer dans la noirceur de cette brèche. Soudain, le bruit. Un fracas. Un corps qui ne se réceptionne pas mais s’éclate contre quelque chose. James est assommé, abattu et ressent chaque parcelle de son corps avec une intensité qu’il n’avait jamais connue. Il ne voit rien, tout est flou, brumeux et épais. Il a froid. Il se sent faiblir. C’est alors que sa main caresse le sol. Il est doux comme le serait un tissu. Curieusement, il est mou. James le saisit, c’est un objet, une chose avec laquelle il peut s’envelopper. Voilà quelque chose de nouveau – se dit-il – dois-je m’en écarter ? Non… Je vais m’en rapprocher.

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