James et les corbeaux #2
James était encore troublé suite à sa rencontre avec le « Crobarbre ». Dans quel pétrin s’était-il encore fourré ! Marchant en direction de la plaine dont lui avait parlé l’étrange corbeau, il contemplait un paysage lugubre composé d’arbres desséchés. Ce n’était pas très beau à voir car ce monde était devenu sec et dangereux, bourré d’échardes et autres pièges qui auraient pu blesser James. De tout les univers qu’il avait visité, celui-ci était le moins accueillant. Il n’osait effleurer la moindre écorce, de peur qu’une autre créature fasse son apparition. Pourtant, il fallait bien se rendre vers la plaine, trouver cet endroit où d’autres corbeaux se rassemblent. James n’avait ni chaud, ni froid mais il lui manquait quelque chose, sa cape – sa protection. Sans elle, il se sentait vulnérable, à vif. D’habitude, il était capable de la retrouver ou bien c’était elle qui le retrouvait. Cette fois-ci, James perdait petit à petit l’espoir de se sentir sécurisé.
S’approchant de la plaine, James observait une vaste terre où les arbres s’entremêlaient à la roche. Sur les cimes se dessinaient de minuscules corbeaux, noirs et frêles. James venait d’arriver mais il sentait déjà les regards sur lui. Les yeux jaunes et luisants des volatiles étaient comme des aiguilles qui rentraient dans sa peau. James était crispé, nerveux, tendu. Il ne savait plus où donner de la tête. Les oiseaux croassés et murmurés des choses qui perturbaient son esprit. C’était comme un vacarme, un bourdonnement incessant, un sifflement d’oreille qui ne cesserait jamais. James était énervé, il grinçait des dents. Il voulait hurler pour les faire fuir mais il comprit que si il criait, les corbeaux plongeraient sur lui. Il fallait attendre et observer. A son grand regret, aucun arbre environnant ne ressemblait à celui dans lequel était enfermé le « Crobarbre », est-ce que cet endroit était un piège ? Est-ce que James s’était fait manipuler ? Naïf par nature, sa candeur diminuée peu à peu.
Cherchant dans sa poche la brindille qu’il avait gardé, il commença à la tailler pour qu’elle prenne la forme d’une cigarette puis à l’aide de deux cailloux qu’il frotta, il réussit à créer une étincelle suffisamment forte pour allumer la brindille. Alors qu’il fumait, les corbeaux volèrent dans sa direction. Ils le fusillaient du regard et leurs cris devenaient de plus en plus stridents. James ne savait plus où poser son regard, alors il ferma les yeux et pria pour retrouver sa cape. Il était immobile au centre de la plaine tandis que les corbeaux volaient en cercle autour de lui. Certains passaient tout prêt de son visage et de sa peau comme pour le griffer puis soudain, sentant un tissu au contact de sa peau, James ouvrit les yeux et contempla sa cape.
A ce moment précis, les oiseaux cessèrent de le tourmenter et se posèrent sur les branches. Il tenta d’en attirer un vers lui, une invitation amicale, un moyen de trouver la paix. Un des corbeaux vint se poser sur son bras et commença à picorer sa cape. James le chassa d’un vif mouvement de main. Regrettant son geste soudain, pareil à un reflexe face à la douleur, les corbeaux s’envolèrent très haut dans le ciel. Ils quittèrent la plaine. James était à nouveau seul et constata que quelques gouttes de sangs sortaient de ses égratignures. Sa cape le rassurait mais elle ne pouvait pas le protéger de toutes les blessures. Sortant progressivement de la plaine, il laissait derrière lui une fine trainée de sang. Tout à coup, au sol, James vit une petite ombre puis celle-ci se mit à grossir de plus en plus jusqu’à s’étendre à plusieurs mètres devant lui. Il leva les yeux au ciel. Au dessus de lui se tenait un immense corbeau dont les serres étaient sur le point de se refermer sur lui. Il se jeta au sol mais il était trop tard. James ne pouvait plus esquiver…
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