James & Cie - Les écarts

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Les écarts, Les écarts de James

Entre les portes

Entre les portes

Nous ne sommes pas attentifs – surtout James… vous, je ne sais pas – et parfois, certains objets de tous les jours perdent leurs sens et nous paraissent vides. Le début est toujours le même : on s’habitue, on ne prête plus attention, on use et on utilise à répétition jusqu’au jour où l’objet s’ouvre avec joie ou claque avec fracas.

Rôdant dans les couloirs de son intérieur à loyer, James – le ritualisé – faisait les cents pas tout en songeant à sa journée. « Songer » est bien le terme car la journée – dans cet espace-temps damné où le soleil ne l’inspire guère – l’ennuyait. C’est alors qu’il se surprit à voir le silence d’entre ses quatre murs et à écouter leurs bruits intérieurs. Non loin de lui, se tenait une porte : grande, belle et fixe ; verrouillée et figée. Immobile – oui – pour celui qui l’observe mais une tentation pour l’extérieur d’être accessible puis poussée. James se leva de son fauteuil pour contempler cet interstice : ce filtre de bois entre l’intime et le public. A l’instant où sa main frêle tendait vers la poignée, une multitude de flashs et d’images se déversèrent en lui. Plongé dans son monde, James faisait face à une immense fresque couverte de bouts de verres, semblables à des miroirs éclatés : offrant les reflets de situations diverses et variées. Il ne s’était pas trompé ! L’objet porte était au centre de cette convocation et le contenu muet des fables déferlait.

Tout commence derrière, dans l’attente de quelque chose ou de quelqu’un. James voit l’oreille d’un corps tendu, aiguisé comme les sens d’un chien de garde dessinant son territoire à l’ouïe. Chaque pas et chaque mot, résonnant dans une cage d’escalier fait frémir un être désireux, pleins de désirs, de fantasmes et d’envies. Devant l’immobilité d’un cadre fermé où nul serrure ne bouge : les rêves s’effritent laissant place à la confusion et au doute. Ridicule aux espérances bandantes : l’attentif s’écarte, se tait puis verrouille le mur de ses attentes.

Dans un élan soudain, les yeux de James se projettent vers un rectangle clos de l’intérieur. Ici, restent et souhaitent pour l’éternité des êtres accouchants d’une profonde intimé. Dans l’appartement contenant, c’est lors des départs que les planches de la porte se déchirent comme une plaie béante rappelant : le manque, l’absence et l’éphémère des heures écoulées. Deux corps se tiennent et s’enlacent faisant de la porte leur lit, devenue le coin des préliminaires d’un ou de plusieurs « reste chérie », que nous entendons par coups sourds sur un bois marqué par les mains qui s’y appuient. Une autre porte se profile : un paquet emballé d’un flot rouge. Un papier cadeau glissant sur le sol, un cadeau déballé : l’ouverture d’une surprise déroutante et non-annoncée.

Reprenant ses esprits, James observe sa porte. Il distingue les mains ayant serrées cette poignée et qui y ont laissées leurs empreintes. Comme sur une peau trop marquée : les incisions des ongles de celles et de ceux passés ressortent comme des cicatrices maladroitement résorbées. De la porte, sortent les ombres des corps qui s’y sont adossés : vision des instants décisifs, départs ou entrées, qui se sont jouées. James ne tient plus ! Entre l’envie d’ouvrir ou de tout cadenasser : ici se joue le premier pas d’un personnage refréné par son envie d’exister. Que faire ? – Franchir la limite ou rester chez soi ? Passer du commun à l’inconnu ? S’aventurer au dehors sur un sentier déjà fort battu ?

La main sur la poignée, James enclenche le mécanisme qui s’ouvre sur un néant vierge. Preuve que derrière les banalités de nos encadrements : l’espace reste à écrire…

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Entre les portes

2 Comments

  1. Superbe, il est vrai que bien des portes auraient beaucoup à nous dire !

    • James

      Il est vrai que l’univers de James est fait d’objets de toutes sortes mais quoi de mieux qu’une porte pour décrire ce qu’il peut se passer en intérieur comme en extérieur… Est-ce le début d’une longue série ? Seul James répondra à cette question dans l’avenir.

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