James & Cie - Les écarts

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Les écarts, Les écarts de James

James à travers l’hiver #1

James à travers l’hiver #1

Il était une fois un être qui décida de quitter la chaleur du monde. Il fut une époque, où le soleil brillait très haut dans le ciel. Le monde s’en portait bien et vivait en paix. Il était actif. Chacun y trouvait sa place. Tout le monde avait quelque chose à faire. Pourtant, un être se sentait à l’écart. Etait-il responsable de cet isolement ou est-ce que le monde l’y avait poussé ? – Nous l’ignorons. Quoiqu’il en soit, l’environnement changea subitement et les humains durent s’adapter de gré ou de force. L’hiver vint. Le grand froid. L’immense manteau blanc. Le monde se figea, tétanisé dans un froid interminable. Des journées et des nuits éternelles. Il n’y avait plus d’heures, les minutes disparurent, le temps avait fuit. Le monde devint lent et répétitif. Chacun restait confiné chez lui, sans aucune motivation, sans perspective de sortie ; sans but. Les villes se vidèrent. Les villages se transformèrent en ruines. Les voitures étaient à l’arrêt, toutes recouvertes de neige. Les fenêtres des appartements étaient closes ne laissant passer aucune lumière. Un monde mort. Les bars fermés. Les théâtres clos. Plus aucun bruit de foule ou de rassemblement. Seul se faisait entendre le vent et la neige qui s’accumulait partout ou elle pouvait s’introduire. Alors un être – qui à l’origine n’aimait pas la chaleur – décida d’affronter ce monde. Il voulu passer à travers l’hiver et voir ce qui s’y trouvait ; au bout. Il s’appelait James. Voici son histoire.

Enfermé chez lui depuis longtemps, James occupait ses journées en faisant des choses simples. Des actions répétitives mais non sans intérêt, qui lui permettait d’avoir un semblant de vie. Plusieurs mois étaient passés et le deuil du monde d’avant pointait le bout de son nez. Parfois, des pensées surréalistes lui venaient à l’esprit, au point de se demander si tout ce qu’il avait vécu avait bel et bien existé. James était un être étrange. Une de ses capacités était de transformer certains objets du quotidien en leurs donnant des propriétés particulières que seul lui pouvait voir ou utiliser. Pour quelqu’un, la cape qu’il porte serait un simple bout de tissu mais pour lui, ce vêtement est imprégné d’une grande magie et la faculté de le protéger contre les intempéries. Un autre de ses objets était un vulgaire bâton. Quand il le touchait, une flamme singulière jaillissait de son extrémité. Le bâton ressemblait à une grande bougie fine et un peu tordue par endroit. Le feu était relié à l’esprit de James, son courage, sa volonté, ses ambitions. Selon son état, le feu pouvait changer de forme ou de couleur. James n’avait pas l’esprit des grands aventuriers mais quelque chose l’attirait ver le froid. L’hiver, les étendues glaciales, ce monde à l’arrêt ne lui faisait pas peur !

Un jour, alors qu’il faisait pour l’énième fois ce qu’il faisait par habitude, il prit sa cape puis son bâton et se dirigea vers la porte d’entrée de son appartement.

  • Pourquoi je fais ça ? Dit-il à voix basse.

Un léger tremblement s’empara des doigts de James qui n’osait pas tourner le loquet de la porte. Pourtant, il fallait y aller. Franchir le cap. Affronter le dehors. Il prit une profonde inspiration et ouvrit sa porte. Très vite, sa cape virevoltait dans tous les sens. Le vent était puissant. D’une main il tenait sa capuche pour couvrir son visage, de l’autre il tenait ferme son bâton où la flamme peinait à brûler. Il avançait lentement, pas après pas, en s’enfonçant dans une neige épaisse qui glaçait ses membres. Ses dents claquaient en rythme et ses mains grelotaient. Après quelques minutes, le temps de s’habituer aux conditions extrêmes, James se sentait mieux. La flamme rougeoyante lui apportait un peu de chaleur. Il progressait de plus en plus vite jusqu’à arriver aux limites de la ville. Là, il se retourna. Sur une petite colline, il contemplait les immeubles, les maisons, les espaces autrefois verdoyants. Il n’y avait plus rien. Juste le blanc de la neige et le gris des bâtisses que l’on distinguait à peine. Les arbres ressemblaient à des barbapapas gigantesques et blanches. Ce paysage était idyllique et effrayant. Personne à l’horizon. James était seul.

S’éloignant de la ville, il découvrit un tout autre monde. La terre était éventrée comme après un grand tremblement. Des maisons ouvertes en deux. Des immeubles effondrés. Des poteaux électriques renversés, des câbles gelés ressemblant à des lianes desséchées. Une vision de cauchemar et de destruction. Que s’était-il passé ? Témoin de ce spectacle, la flamme de James vacillait car il avait peur. Pétrifié à l’idée de s’être aventuré trop loin et d’être sorti de son cocon, il songea à revenir sur ses pas mais il était trop tard. En lui, une petite voix lui disait de continuer, d’aller plus loin pour percer les mystères de ce monde. Est-ce que la ville de James était la dernière ? Etait-il le dernier être sur cette terre ? Les questions se bousculaient dans son esprit… La main de James serra le bâton, le feu grandissait et éclairait davantage cet endroit maudit. James escalada des morceaux de taules, des rochers, des toits, des voitures et tout un tas de mobiliers urbains détruits. Soudain, au sommet d’un amas de rocher, il vit des bougies. De petites flammes éparpillées sur des pierres accompagnées de fleurs noires ou grises cendrées. Les bougies étaient bien consumées et malgré le vent leurs flammes tenaient. Qui les avait posé là ? Regardant au loin, elles semblaient dessiner un sentier vers le lointain.

  • Ce n’est pas une coïncidence. Quelqu’un comme moi est dehors et cherche à indiquer un chemin. Pensa James.

Dans toute grande aventure qui se respecte, il faut un simple élément, une piste, pour réveiller le désir de l’explorateur. La flamme de James brûlait de mille feux. Il décida de suivre le chemin des bougies qui s’ouvrait devant lui.

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